Entrons dans la prière

comme on monte dans une barque sur le lac

pour passer d’une rive à l’autre.

Nous sommes la foule affamée

et nous avons toujours faim.

Notre prière est faite du quotidien,

prière de cette rive ici.

Nous ne savons même pas s’il y en a une autre.

Prière riveraine qui espère l’autre rive.

Notre prière divine.

Notre être de mystère :

Tout à coup ils touchèrent le bord.

 Bernard Feillet

Lecture St Paul au Galates 5,18-25

En écoutant ces premiers versets de St Paul nous pourrions être tentés de sourire devant cette liste impressionnante de méfaits  comme si se déroulait devant nos yeux les pires monstruosités dont l’homme soit capable. Sourire ou plus simplement s’en reconnaître bien éloigné  et se tenir dans une  distance défensive comme si  ce dont il est question ne pouvait nous concerner.

Pourtant ces paroles résonnent aujourd’hui de façon tragique, l’impact du mal nous l’avons constamment sous les yeux, il suffit de regarder le flot des images que nous déversent les médias pour sentir cette terrible morsure mortifère qui blesse notre humanité. Les propos de Paul ne s’inscrivent pas comme un code moral dont les humains auraient franchi la ligne rouge, ils parlent d’une autre réalité dont témoigne la Foi : vivre selon l’Esprit ou s’en éloigner ? Lorsque je deviens sourd à cette voix intérieure qui murmure que je suis enfant de Dieu  (« Tu es  mon bien aimé, tu as toute ma faveur »), c’est comme si je voulais prouver à moi-même et à ce monde que je n’ai pas besoin de l’amour de Dieu, que je peux me faire une petite vie à moi, que je veux être complètement indépendant. J’en arrive à la découverte déconcertante qu’il y a très peu de moments dans ma journée où j’échappe à l’emprise de ces sombres émotions, passions et sentiments : la colère, la rancune, la jalousie, le désir de vengeance, la convoitise, la cupidité, les antagonismes et les rivalités. Je deviens une proie facile pour les manipulations et les jeux de pouvoir de ce monde .Mais ne nous trompons pas, notre Dieu n’est pas le grand inquisiteur qui compte nos faux pas  et nous contraint à observer de multiples préceptes. Il est Celui qui juge selon la Vérité avec bonté et patience dans l’amour.

Recevoir le pardon requiert notre abandon à laisser Dieu être Dieu et de le laisser opérer toute la guérison, toute la restauration, tout le renouvellement.

Paul nous invite à marcher sous la conduite de l’Esprit qu’on reconnaît à ses fruits.

Gardons cette Espérance, et comme nous le dit St François de Sales: « Relevez votre cœur quand il tombera, tout doucement …L’un des meilleurs usages que nous saurions faire de la douceur c’est de l’appliquer à nous-mêmes ».

Monique