Mt 20, 01-16

Pour amener les disciples à entendre la particularité de la dynamique du Royaume le Jésus de Matthieu recourt à la parabole. Or celle-ci a pour caractéristique d’être à double pointe.
La première pointe, v 01-08, est un enseignement sur l’égalité de traitement dans le Royaume : point de différence entre premiers et derniers.
La deuxième pointe, v 09-12 (et dans une parabole à deux pointes, c’est la deuxième la plus importante) met en évidence la bonté de Dieu : « ton regard est-il mauvais parce que moi, je suis bon ? » v 15. C’est par compassion que ce maître donne aux derniers embauchés de quoi vivre et nourrir leur famille.

Jésus rencontre des oppositions fortes parce qu’il fréquente toute une frange de la société qui est rejetée, méprisée, parce qu’il partage la table des pécheurs et parfois des païens. Or il se trouve qu’auprès de ces personnes, en quelque sorte les dernières embauchées, la Bonne Nouvelle trouve un écho favorable. Alors que des anciens, des grands-prêtres et des scribes, c’est-à-dire des embauchés de la première heure, ne cessent de s’opposer à lui, jusqu’à envisager sa mort. Par la médiation de ce maître de domaine, Jésus évoque la bonté du Père, laquelle trouve hospitalité en lui. C’est cette bonté qui nourrit son attention aux publicains et aux pécheurs ; c’est en raison de cette bonté qu’il se trouve parfois ému aux entrailles.

Dans l’ordre du Royaume, il n’est point question de Loi ou de mérite mais de grâce et de joie partagée parce quele salut est offert à tous, aux pharisiens de longue date comme aux publicains et pécheurs qui viennent de découvrir par Jésus la bonté-miséricorde du Père. En mettant en cause la bonté de Jésus, c’est la bonté même de Dieu que ses opposants contestent.

Dieu notre Père, nous te prions : que ton amour en nous nous libère de la récrimination et nous ouvre à la joie de la justice du Royaume.

Blandine