Lc 19, 11-28

Jésus arrive à proximité de Jérusalem où il va être investi, investiture qui passera par la mort sur la Croix. A la veille de cette épreuve, il ne peut répondre à la question « quand » le royaume de Dieu se manifestera car ce n’est pas en son pouvoir mais en celui du Père. A défaut de donner réponse sur le délai, il donne des indications sur « comment » vivre dans l’inconnu de cette échéance. Et ce « comment » importe, car sur lui portera le jugement lié au jour du Fils de l’homme.

Chez Luc, les biens confiés sont à taille humaine : la valeur d’une mine « si peu de chose »pour chacun des serviteurs, et chacun est récompensé dans la même proportion : une ville à gouverner par mine rapportée. Mais la récompense est disproportionnée, et cela ne va pas sans rappeler la graine de moutarde qui devient arbre.
Dans l’inconnu du jour de la manifestation du royaume, il s’agit de lâcher sur la question du « quand » pour pouvoir devenir disponible au présent, se recentrer sur ce présent et se préoccuper de « comment » vivre l’« aujourd’hui du salut ». Les serviteurs de la parabole nous enseignent que, par le fait même de recevoir la mine, nous recevons simultanément comment vivre ce temps grâce à la parole : « faites de bonnes affaires». La question se résout dans le mouvement de consentement au don, don par lequel le Père témoigne une confiance inouïe en l’homme. Don aux multiples facettes, mais il arrive que certaines soient enfouies, et d’autres pas reconnues ou négligées, comme la mine « mise de côté dans un linge ».

Accueillir pleinement ce don du Père permet que l’attente devienne veille.
Alors la veille peut être active mais sans être effervescente (ce sont les opposants qui s’agitent),
La veille peut être rendue paisible par le fait de se tenir à sa tâche, fidèlement, dans l’ordinaire , un jour après l’autre,
La veille peut être lumineuse par le mouvement de se rendre proche, de prendre soin,
La veille peut être féconde et persévérante car enracinée dans l’Amour,

Dieu notre Père, béni sois-tu pour cette confiance que tu places en nous et entre nous, et qui met notre cœur au large ; que ton Esprit nous rende inventifs pour faire fructifier la vie reçue et les dons qui l’accompagnent.

Blandine