Mc 9, 38-40

   «  En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton  nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ;  celui qui n’est pas contre nous est pour nous. »

Les disciples veulent empêcher ceux qui ne font pas partie de leur groupe de faire des miracles au nom de Jésus. Jésus n’est pas d’accord avec cette attitude, car pour lui tous ceux qui agissent au service de la vie sont les bienvenus et ne sont pas à empêcher. Jésus dénonce l’exclusivité qu’il aurait à répandre l’amour du père dans le monde. Peu importe son groupe d’appartenance, ce qui est fait au nom de l’amour de Dieu a la même valeur et ne doit pas être empêché.

Notre société, elle aussi, a peur de ceux qui appartiennent à des groupes sociaux différents. C’est le cas pour les migrants par exemple. Pourquoi les refouler lorsqu’ils viennent mettre leurs talents au service de la société ? Pourquoi les empêcher ? C’est le cas des jeunes qui ne trouvent pas de travail et auxquels on reproche leur manque d’expérience. Pourquoi les empêcher ? C’est le cas des plus anciens que l’on pousse vers la sortie de l’entreprise parce qu’ils coûtent trop cher. Pourquoi les empêcher ? C’est le cas des personnes en situation de handicap auxquelles on n’adapte pas nos écoles, nos logements, nos locaux, nos emplois. Pourquoi les empêcher ?

Au nom de quoi, excluons-nous nos frères en leur refusant de prendre place dans notre société ? De quoi avons-nous peur ?

Peut-être que si nous étions plus en paix avec notre propre place dans la société, celle que chacun de nous occupe, les choses pourraient être différentes. Peut-être que si nous cessions de croire que la place de l’autre est meilleure que la nôtre, la jalousie au ventre, les choses pourraient être différentes. Peut-être que si nous cessions de croire que notre place est meilleure que celle de l’autre, condescendance à l’œuvre, les choses pourraient être différentes. Peut-être que si nous cessions de nous comparer les uns aux autres, de nous mesurer les uns aux autres, les choses pourraient être différentes.

Puissions-nous accueillir avec joie la vie que tu offres à chacun de nous, Seigneur, inconditionnellement, en paix. Puissions-nous renoncer à ces croyances que certains recevraient plus la vie que d’autres, ou moins que d’autres, voire que certains pourraient nous prendre notre part !

Apprenons à exprimer nos singularités comme la richesse même de nos rencontres, sans rivalité aucune. Apprenons à reconnaître dans les regards qui s’ouvrent à nous, la fraternité qui nous relie à une seule et même Origine, Dieu.

Et alors peut-être cesserons-nous enfin d’empêcher la Vie d’advenir en nous et entre nous !

Muriel