Mt 26, 14-25
Cet évangile est l’entrelacement de deux préparatifs
· Préparatif d’un repas, d’une convivialité, qui annoncent la vie
· Préparatif d’un complot, d’une trahison, qui annoncent la mort
Deux préparatifs qui se croisent et se télescopent, puisque c’est au cours de ce repas, qui célèbre la Pâque-libération, la Pâque-vie, la Pâque-joie, que Jésus annonce sa mort et la trahison de l’un des Douze.
Nous connaissons la suite de l’histoire et nous savons qu’il s’agit de Judas. Mais le texte ne le dit pas. Jésus ne désigne personne nommément. Il laisse seulement entendre que la trahison est au cœur du groupe des fidèles, puisque tous vont « plonger la main dans le plat ».
Nous plongeons tous la main dans l’Eucharistie, et c’est comme si chacun d’entre nous reconnaissait en lui cette fragilité profonde et cette possibilité de trahison.
Cette potentialité va d’ailleurs se concrétiser par la suite, avec l’abandon des disciples, avec le reniement de Pierre, avec les erreurs et les crimes de l’Eglise depuis 2000 ans, malgré les protestations unanimes de fidélité pendant cette soirée !
On voit ici que se mêlent toujours, dans la vie des croyants, l’infidélité et l’obéissance, la peur et la confiance, l’incrédulité et la foi.
Jésus ne juge pas, ne condamne pas, mais il place ses disciples et donc nous-mêmes devant la réalité de notre faiblesse, devant notre liberté, devant notre acceptation ou non du salut qu’il propose.
Dans quelques jours, chacun.e dans son appartement, au pied de la croix, chacune, chacun sera amené.e à s’interroger : « Serait-ce moi Seigneur ? » Non pas pour être écrasé de culpabilité, mais pour prendre la mesure de la libération proposée et reçue en Christ.
Jean-Pierre