Mc 09, 38-40

Quelques mots sur le contexte pour éclairer ces trois versets :

Jésus est à la maison, à Capharnaüm, avec les disciples : « en chemin ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand » Mc 09, 34. La réponse de Jésus porte sur le service : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous » Mc 09, 35. Puis il prolonge par des paroles sur l’accueil : la question n’est pas d’être grand mais d’être en capacité d’accueillir pour pouvoir servir. Accueillir avec tendresse l’autre faible, petit, possédé, l’autre prostituée ou collecteur d’impôts. Accueillir Jésus lui-même, Messie-Serviteur, déconcertant quand il annonce la Passion à venir.

Alors que Jésus est sur le registre de l’accueil voici que Jean, l’un des Douze, déclare : « Nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent ».

« Nous l’en avons empêché … » : parole d’exclusion ; violence du rejet.

« Ne l’en empêchez pas … » : Jésus reprend le verbe employé par Jean. Il utilisera la même expression au chapitre suivant lorsque des disciples rabrouent les gens qui amènent des enfants à Jésus : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent » Mc 10, 14.

* Ne pas empêcher, ne pas limiter l’accès à Jésus au motif que ce sont des enfants, des insignifiants, au motif de ne pas appartenir au groupe des Douze, au groupe des disciples.

* Ne pas empêcher passe par quitter les questions de pouvoir et de préséance, pour entrer dans une tendresse qui accueille les petits, à la façon du Père.

« Ne l’en empêchez pas car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas aussitôt après, mal parler de moi »

* Non pas empêcher, mais accueillir ce « quelqu’un » qui a écouté la Parole jusqu’à l’obéissance, c’est-à-dire jusqu’à se laisser traverser par cette force qui libère une vie possédée par les démons. Agir ainsi ne peut être une action ponctuelle, mais témoigne d’un engagement de tout l’être, d’une vie de disciple.

Pour Jean, comme pour les Douze, comme pour nous-mêmes, il s’agit d’accueillir ces « quelqu’un » qui suivent Jésus par un tout autre chemin que le nôtre. Et cette diversité est bonne à vivre, elle a un parfum de Royaume.

Blandine