Mt 18, 15-20

Pour recevoir ces versets, il est nécessaire de les relier à ce qui précède et à ce qui
suit.

Ce qui précède, c’est au début du chapitre 18 l’attention aux tout petits « si vous
ne changez pas et ne devenez pas comme les enfants, vous n’entrerez pas dans le
Royaume des cieux » v 3 (T.O.B.).
C’est aussi la parabole de la brebis égarée : « Ainsi votre Père qui est aux cieux veut
qu’aucun de ces petits ne se perde » v14.

Ce qui suit, c’est la question de Pierre sur la fréquence du pardon et la réponse de
Jésus : « Je ne te dis pas jusqu’à sept fois, mais jusqu’à soixante-dix fois sept fois »
v21. Et il poursuit par la parabole dite du débiteur impitoyable qui se conclut par cette
parole : « C’est ainsi que mon Père céleste vous traitera, si chacun de vous ne
pardonne pas à son frère de tout son coeur »v 35.

Ce frère qui a commis une faute grave (amartèsè), c’est cette brebis égarée qui
nécessite que d’autres membres de la communauté partent à sa recherche pour
prendre soin d’elle : là où le lien a été mis à mal, rompu, il s’agit de chercher à le
restaurer.

Face à une réconciliation impossible malgré la multiplication de démarches graduées,
il y a le pardon à envisager, à demander dans la prière. A deux se tourner ensemble
vers le Père pour que ce frère perdu ne soit pas méprisé, abandonné à son sort, mais
pour qu’il soit un jour retrouvé, pour que le lien fraternel finisse par se renouer.
Quand la réconciliation est impossible, pcq il n’y a pas de réciprocité dans la
démarche, le pardon est requis, inlassablement. C’est en passant par le lien au Père,
par le lien de la prière, qu’il devient possible d’envisager que le lien brisé puisse
redevenir lien fraternel, lien communautaire.
L’Esprit est le lien qui nous unit : qu’il garde nos cœurs disposés à une parole et une
écoute bienveillantes avec toute la délicatesse nécessaire pour cheminer vers une
réconciliation ou un pardon, pour nous soutenir mutuellement dans une vie fraternelle.
Alors nous expérimentons l’aujourd’hui du Royaume.


Blandine