Luc 11,29-32
Impossible d’entrer dans l’Ecriture sans être témoin de déplacements nombreux : celui d’Abram sur ordre de Yahvé : pars, jusqu’à la fuite en Égypte pour protéger la vie menacée de ce Dieu nouveau-né, en passant par le déplacement de ses parents sur injonction de l’occupant romain pour se faire recenser : Dieu nouveau-né naît au cours d’un déplacement.
Nous pourrions en nommer beaucoup d’autres : ceux du fils prodigue par exemple.
Au-delà de leur caractère physique, concret ces déplacements nous font signe du côté des déplacements intérieurs : Dieu parle, fait signe ; le cœur de l’homme (chacun de nous) se laisse ou non rejoindre, choisit ou non de se mettre ou remettre en chemin.
Tel est le cas de Jonas dont nous connaissons l’histoire : effrayé par l’appel reçu il se met en route pour fuir ; Dieu renouvellera son appel, à la prière de Jonas, lui offrant ainsi de revenir.
C’est à ce signe empreint d’imperfection, de fuite et de retour et à celui de cette étrangère venue de loin pour écouter Salomon que Jésus fait référence dans l’Evangile de Luc pour annoncer le signe ultime : lui-même, le signe fait chair.
Comme tout signe, il ne s’impose pas, il ne s’agit pas d’une preuve ; pour le reconnaître des déplacements sont à opérer dans nos attentes, nos actes, nos paroles, nos représentations, jusqu’à accueillir ce signe scandaleux : le signe de la croix et cet autre signe si fragile dans ses apparences : l’Eucharistie.
Si les habitants de Ninive ont revêtu la cendre et se sont convertis sous l’effet de la crainte, nous sommes, à l’appel de Jésus-Christ, invités à nous déplacer de la crainte vers la confiance car le signe ne saute pas aux yeux mais au cœur : revenez à moi de tout votre cœur, car je suis tendre et miséricordieux.
Le chemin vers Pâque est ouvert.
Michèle Put