Jésus Christ, Parole de Dieu

Mc 4,1-20
Un évangile qui est long et où à première vue, nous pourrions dire, tout est dit…
Il n’y a rien à ajouter, une histoire, un début d’explication, ensuite…. Comprenne qui pourra !…
Cet Evangile prend place après l’appel des disciples et ici nous allons voir apparaitre cette
distinction entre la foule et ceux qui suivent Jésus, la parole proposée va en être un peu modifiée.
Dans la première partie, Jésus s’adresse à la foule, il demande même à prendre un peu le large et
de la barque il enseigne la foule.
« Ecoutez,… » Ecoutez invite à se mettre en attention.
Jésus raconte une histoire, le semeur est sorti pour semer… Et finalement, Jésus parle davantage de
ce grain tombé au bord du chemin, sur le sol pierreux, dans les ronces ou dans la bonne terre. Il
n’est plus vraiment question du semeur.
Ce qui importe, c’est cette petite graine, que lui arrive-t-il ? Elle porte en elle une force de vie, mais
la réalité du moment, les obstacles rencontrés font qu’elle ne se développe pas forcément dans
toute sa plénitude.
« Des grains sont tombés dans la bonne terre, ils ont donné du fruit, en poussant et en se
développant, ils ont produit trente, soixante, cent pour un ».
Et Jésus termine son histoire par « celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende ».
Les paraboles sont des histoires qui viennent parler à nos vies parce qu’elles partent d’un terrain
connu, mais comme toute histoire et comme toute parole, il y a celui qui la raconte et il y a celui qui
l’écoute. Et nous avons tous fait cette expérience : parfois, nous disons quelque chose et nous ne
sommes pas forcément entendus – Jésus a sûrement fait lui aussi cette expérience et quand il parle
de ce grain tombé au bord du chemin ou étouffé par les ronces, ne parle-t-il pas d’une manière
cachée de l’échec qu’il perçoit de sa prédication.
Alors regardons ce qui se passe dans ce groupe des disciples qui l’interrogent.
Jésus positionne ce groupe « à vous est donné le mystère du Royaume de Dieu ». Difficile de parler
du Royaume de Dieu, aucune définition précise ne peut en être donnée, même Jésus en parle avec
des paraboles. Il parle en image de ce qui échappe à toute compréhension, pour que chacun puisse
y accéder selon sa disponibilité.
Et là s’opère un basculement où chacun est conduit à s’interroger sur ce qu’il en comprend, sur la
manière d’accueillir cette Parole. Comment s’enracine-t-elle en moi et comment elle devient
enracinement pour moi ?
Ce qui est semé en moi, qu’est-ce devenu ? Quels sont les forces contraires qui font ou qui ont fait
que l’enracinement n’a pas eu lieu ? Sans doute, il y un moment favorable à la germination, cette
« bonne terre » dans laquelle la graine, la parole va germer. Un moment favorable qui se joue dans
cette tension entre notre désir et le contexte dans lequel nous nous inscrivons. Alors, peut-être,
serons-nous comme « ceux qui ont reçu la semence dans la bonne terre : ceux- là entendent la
Parole, ils l’accueillent, et ils portent du fruit : trente, soixante, cent, pour un. »
Et j’entends aussi, cette parole un peu énigmatique, ce verset tiré du livre d’Isaïe : « Ils auront beau
regarder de tous leurs yeux, ils ne verront pas ; Ils auront beau écouter de toutes leurs oreilles, ils ne
comprendront pas ; sinon ils se convertiraient et recevraient le pardon » comme une invitation à
prendre le temps de regarder, d’écouter. Prendre le temps de la relecture qui donne de laisser voir
la trace du Souffle de l’Esprit, trace d’une Présence qui se donne dans cet espace nécessaire pour
voir germer la graine et voir la Parole prendre acte, où Dieu se donne et pardonne.
Elisabeth