Psaume 84 (85)

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                        Amour et vérité se rencontrent,

                        justice et paix s’embrassent ;

                        la vérité germera de la terre

                        et du ciel se penchera la justice.

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D.Vasse rappelait souvent les deux sens de « juste » : justesse, au sens d’exactitude ; et justice qui, elle, procède d’un don, si elle s’exerce au-delà de la lettre, dans la mouvance de l’esprit. 

Ce rappel donne au psaume de ce jour un éclairage autre qui peut renouveler prières, actions, mouvement et association pour la paix et la justice dans le monde.

                        Mais pourquoi cette distinction dans le texte : la vérité s’enracine dans la terre ; la justice se déverse du ciel ? Spontanément nous sommes plus portés à penser l’inverse : aux hommes la justice, à Dieu la v(V)érité

                        Par cette inversion, l’oreille se met à écouter.

Et si la vérité qui germe de la terre, pouvait s’entendre comme ce travail de vérité que chacun de nous est appelé à mettre en œuvre à l’intime de son être, s’il veut vivre du souffle de la Vie-même : la vérité s’enracine dans l’humus humain de nos cœurs. Et si ce travail de vérité, qui concerne la plus extrême particularité de notre être, prenait alors dimension d’universalité ? Si la vérité faite dans nos vies était le chemin nécessaire pour que la justice universelle advienne ?

Et si la justice était un don du ciel pour l’humanité entière, offert parce que chacun, en faisant la lumière/vérité en lui, consent ainsi au don de la vie ? L’esprit de justice peut se répandre pour tous car la vérité a travaillé la terre pour qu’il ensemence le monde.

                        La justice n’est pas l’affaire des hommes, elle est un don qui requiert et notre ouverture à la Vie et notre combat contre le mensonge.

                        On peut alors penser qu’il n’y a de résolution des injustices, des guerres, des violences de toutes sortes que si s’effectue cette conversion intime. Le drame vient, peut-être, de ce que nous ne croyons pas assez à la présence de l’Ennemi en nous et par extension dans le monde. Mais si la force de division est pourchassée avec ténacité, si la sainteté/vérité germe dans nos cœurs, l’unité du monde nous sera peut-être donnée ?

                        Il peut être bon de temps à autre, pour ne pas désespérer, de se rappeler que la justice, la paix ne sont pas de notre pouvoir : leur essence est don. Mais que, par contre, la vérité est vraisemblablement de notre devoir, de notre tâche d’homme.

Agnès

(commentaire fait le 12 décembre 1990)